Les Gros patinent bien est une comédie d’une inventivité folle mettant en scène seulement deux interprètes et 150 cartons. Le spectacle suit un conteur corpulent, façon Shakespeare, qui reste assis tout au long de la représentation et narre une histoire chaotique de fuite à travers l’Europe, tandis que son acolyte hyperactif et muet donne vie à l’ensemble du périple autour de lui. Patins à roulettes, trottinettes, avions et même une mule s’invitent dans cette aventure délirante où se mêlent énergie débordante, comédie physique, absurdité et imagination débridée. Ce savant mélange d’immobilité et de mouvement a valu au spectacle le Prix Molière 2022 du Théâtre Public.

Dans ce jardin secret que la troupe ouvre pour nous, chaque comédien cultive une petite merveille du quotidien : dialogues avec l’invisible, rêves d’enfance qui refleurissent entre effluves de crêpes, vers de Racine chuchotés sous les branches, pirouettes de petits rats d’opéra, apparition d’une Claudette disco échappée des seventies, traversée marine, miroirs de sosies, flamenco inédit, visite impromptue de Marcel Proust et chansons à tout vent ; autant d’instantanés lumineux qui transforment ce havre silencieux en célébration pétillante de l’art de vivre.

Dès 12 ans.

Vivez le côté sauvage du GECA ! Le Geneva Camerata présente l’une de ses séries les plus audacieuses : les Concerts Sauvages. La chanteuse et flûtiste cubaine Yaite Ramos Rodriguez — reconnue internationalement pour son projet La Dame Blanche— rejoint l’ensemble pour une performance vibrante célébrant la musique de son pays natal. De la salsa au mambo, en passant par la rumba et le jazz afro-cubain, embarquez pour un voyage musical à travers La Havane, Santiago de Cuba et Trinidad — des villes où la musique ne s’arrête jamais.

Samuel Labarthe, guidé par Catherine Schaub, métamorphose le journal fiévreux de Nicolas Bouvier en un huis-clos halluciné : cloîtré dans la moiteur cinglante de Ceylan, le globe-trotter déchu converse désormais avec des insectes chatoyants et des visions baroques, laissant l’humour mordre dans la solitude et la fièvre. D’une diction ciselée comme de la miniature, l’acteur orchestre la prose du Poisson-scorpion en un élixir sensoriel où chaque phrase perle de sueur, d’émerveillement et d’angoisse, invitant le public à sentir physiquement la brûlure, la beauté et la démesure d’une errance devenue exorcisme.

Dès 12 ans.

Tel un phénix théâtral, cette adaptation ultra-ludique de Tintin renaît pour transformer le paisible château de Moulinsart en champ de bataille burlesque : au premier éclat de voix de la Castafiore – « Ciel ! Mes bijoux ! » – l’émeraude volée déclenche un huis clos effervescent où lapsus, quiproquos et fausses pistes s’enchaînent ; les acteurs, méconnaissables, se glissent avec un mimétisme étourdissant dans la galerie mythique d’Hergé, tandis qu’une scénographie éclatante recrée l’album à la perfection, faisant jaillir une comédie policière pétaradante qui prouve qu’un spectacle peut, à lui seul, posséder un véritable supplément d’âme.

Dès 7 ans.

Neuf actrices afghanes exilées et leur metteuse en scène transforment l’Antigone de Sophocle en un acte de défi lumineux, mêlant leur propre fuite face à la tyrannie à un chœur fluide qui oscille entre murmures poétiques et résolution ardente ; sur un plateau baigné de lune, où les ombres se reflètent dans un bassin miroitant, leur ferveur heurte l’obscurité de l’oppression et fait naître un théâtre de résistance au présent, joué en dari (surtitré en français), vibrant du courage, de la grâce et de l’inflexible vitalité de femmes qui refusent de se taire.

En dari, avec sous-titres en français. Dès 14 ans.