L’opéra Salomé de Richard Strauss est l’un des plus provocateurs de l’histoire, centré sur le récit biblique de la princesse Salomé, dont la sensualité troublante conduit à la décapitation de Jean-Baptiste. L’œuvre est célèbre pour deux scènes particulièrement choquantes : la Danse des Sept Voiles, où la danseuse se dénude, et le baiser diabolique déposé sur la tête coupée. À sa première en 1905, l’opéra provoque un scandale, et la musique de Strauss, à la fois puissante et envoûtante, mêle des éléments orientaux et orgiastiques. Salomé marque une étape importante dans la carrière opératique du compositeur, qui reprendra plus tard cette violence antique dans Elektra (1909).
Pour cette production, le metteur en scène hongrois Kornél Mundruczó apporte une lecture contemporaine et psychanalytique de Salomé. Au lieu du palais galiléen, l’action se déroule dans le luxe pervers d’un penthouse qui surplombe une Babylone opulente. La famille d’Hérode est déchirée autour de leur proie, un Jokanaan de « bas » dont l’existence menace leur vision du monde. Cette mise en scène, accompagnée de tableaux phantasmagoriques à la Buñuel, plonge dans un univers surréaliste.